Seule date française d’une poignée de concerts de rentrée, le show du supergroupe Scary Goldings au festival Jazz à la Villette était une promesse de groove estival parfaitement tenue.
Avec près d’un million d’abonnés et plus de trois cent millions de vues, Scary Pockets creuse son sillon musical youtubesque depuis cinq ans sans défaillir. C’est que le groupe créé par le toujours hilare Jack Conte (claviers, accessoirement le créateur de la plateforme Patreon), et son ami de toujours Ryan Lerman (guitare), n’a rien d’une éphémère figure numérique. Il assure sa production pléthorique grâce à la crème des sessions musicians de la côte Ouest qui défilent chaque semaine dans leur studio de Los Angeles pour gravir ensemble le pinacle du funk.
Mais ce n’est pas leur répertoire de covers créatives qu’ils viennent décliner dans la Grande Halle de la Villette : ils ont concocté une douzaine de compositions instrumentales de “Scary Goldings IV” (2021), agrégées à quelques autres issues des albums “The Ego Trip” et “Feel”. Toutes arrangées pour laisser libre jeu à leurs complices Larry Goldings et John Scofield, envolées organistiques du premier et expérimentations bluesy du second. Scofield, fidèle à son jeu si particulier de dissonances harmoniques et rythmiques, est plus sage que dans d’autres projets en solo, mais pas moins percutant.
Si les morceaux ne cherchent aucunement à recodifier le genre, enfoncés jusqu’au coude dans les références musicales propres à la funk-soul des années soixante, ils en tirent la substantifique moëlle avec un enthousiasme contagieux. Cerise sur le gâteau : le set est ponctué d’interventions à la batterie de Louis Cole (pourvoyeur de la première partie avec son duo Knower dont on ne voyait pas bien pour le coup la pertinence en termes de programmation) : ce dernier s’avère un génial passeur entre une rythmique d’indietronica hardcore et les grooves vintage appuyés par la basse magnétique de MonoNeon.