Les fourmis

Andreas

la rencontre dans Andreas - (c) Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Andreas – (c) Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Emmanuelle Ossena, directrice de production, me décrit sa mission auprès des artistes et l’aventure du IN avec Jonathan Châtel.

Emmanuelle Ossena a un abord doux et méticuleux. Lors de notre rencontre à la conférence de presse du festival, le récit de son aventure avec Jonathan Châtel m’a convaincue du rôle central qu’elle avait tenu dans cette histoire théâtrale fulgurante.

« Cela fait cinq ans seulement que Charlotte Pesle Béal et moi avons monté notre bureau de production, Epoq Productions. Nous faisons de la direction de production, de la diffusion et de l’administration pour des compagnies ayant des niveaux de parcours et de développement très différents. Nous collaborons également avec des structures. C’est un métier à géométrie variable en fonction des besoins de l’artiste qu’on a choisi d’accompagner. On ne travaille pas de la même manière avec un Jonathan Châtel, dont la compagnie [ELK] existe depuis trois ans et dont ce n’est que la deuxième mise en scène, et un Marcial Di Fonzo Bo, dont le collectif [le Théâtre des Lucioles] est conventionné et doté d’une administration permanente. Notre mission est de nous adapter aux besoins de l’artiste à l’endroit où il est, de ne pas fonctionner sur un systématisme.

Quand on a créé ce bureau, on avait vingt ans d’expérience dans le spectacle vivant, avec deux parcours différents. Charlotte a commencé sa carrière en technique puis a fait une formation en administration, tandis que j’ai un parcours en secrétariat général dans des scènes nationales et des centres dramatiques. C’est en 1991 que j’ai décidé de me consacrer au théâtre public. J’ai eu des postes en direction de communication, relations publiques, secrétariat général. On forme un tandem très complémentaire.

Avec les artistes, on mène une réflexion sur le long terme, c’est une vraie collaboration, qui se construit, se mûrit, dans un moment difficile pour la culture et la société en général. À l’origine, il y a une rencontre, un désir artistique partagé. »

« Un homme et un univers à défendre »

« Jonathan, j’ai entendu parler de lui à l’époque de sa première mise en scène, le “Petit Eyolf” de Henrik Ibsen. Quand j’ai vu son spectacle au festival Impatience en juin 2012, j’ai eu un vrai coup de cœur pour ce travail. Ensuite, je l’ai rencontré et j’ai été profondément touchée par cet artiste, je me suis dit que là, il y avait un homme et un univers à défendre. C’est une toute jeune compagnie, qui démarre à peine !

Le choix de faire ce spectacle en création à Avignon sur une deuxième mise en scène est un pari monstrueux ! Toute l’équipe est en ébullition. Avignon est un endroit où tout est démultiplié par dix, et les réactions positives ou négatives prennent des proportions qu’elles n’auraient jamais eues dans un autre contexte. C’est un endroit de visibilité très important, et donc un moment capital pour les compagnies qui ont parfois du mal à faire venir les professionnels du spectacle. Là, on ne pourra pas dire que les gens n’ont pas vu “Andreas”. Maintenant, on réfléchit à une reprise du “Petit Eyolf”, que, finalement, peu de gens ont vu.

Ma collaboratrice et moi avons loué un petit appartement en plein centre, ce qui nous permet d’être sur le qui-vive, car nous nous occupons aussi du spectacle de la troupe Winter Family à la chartreuse de Villeneuve.

Mon Avignon, c’est Lupa et Ostermeier en priorité. Tant que le spectacle se joue, je ne verrai pas grand-chose d’autre. J’irai voir le Py aussi, car je trouve que la moindre des choses quand on est invité à un festival, c’est de voir la création du “patron”. Je viens depuis vingt ans et c’est un festival que j’adore. Le OFF ? C’est une grosse foire, à prendre ou à laisser. J’ai des amis qui y jouent donc je vais y aller, mais sinon le programme est compliqué à décortiquer. Votre journal va m’aiguiller ! C’est gentil à vous de parler de nous, les fourmis. »