Neverland échancre une histoire, au fil d’une narration rhapsodique, qui n’a de cesse de coudre et de découdre le temps et de tisser une sorte de bio-fiction légendaire autour de Mickaël Jackson.

Neverland fut en effet le ranch de Mickaël Jackson transformé en parc d’attractions en Californie. L’écriture tente de ressaisir ce que l’on pourrait appeler la face sombre du chanteur en imaginant une victime fictive nommée Jimmy. D’autres voix interviennent, des voix suaves qui viennent exalter la douceur insupportable des actes pédophiles, et une voix presque auctoriale qui vient essayer de retracer le portrait psychologique du personnage nommé simplement Mickaël. Ces voix errent et ne sont pas des instances de jugements ou de persécution ; la pédophilie était déjà le thème de la première œuvre de David Léon publiée en 2011, Un Batman dans ta tête. La force de l’écriture de David Léon, c’est que la violence, quelle qu’elle soit, est toujours évoquée avec douceur, et l’on sent toujours de la fureur, s’écouler paisiblement dans les veines des paroles. L’autre force de cette œuvre, comme dans ses autres livres, c’est que l’auteur utilise un dispositif de voix parfois monologiques et quelquefois même une voix monodique, comme dans Un jour, nous serons humains, grand poème dramatique à la torpeur infinie.

Neverland est une œuvre qui disparaît quand on la lit tant l’écriture nous propose davantage une introspection individuelle que la traversée d’un simple récit. Le lyrisme démesuré et expirant de l’œuvre nous offre un regard, qui sous des atours compatissants dans la relation d’amour entre Jimmy, personnage de jeune adolescent et Mickaël, évoque en réalité avec cruauté ces abus criminels. C’est par une obédience poétique que David Léon questionne la pédophilie en montrant sans équivoque les mécanismes de manipulations psychologiques qu’elle induit entre la victime et son agresseur. Aussi, l’œuvre nous apparaît comme l’œuvre d’un personnage hypocrite, acteur d’une romance criminelle, d’une promesse ou d’une tribulation qui est sans cesse une demande d’amour et un abandon de soi à l’autre, tel que le montre l’auteur en citant dans le corps de son texte quelques paroles de la chanson Will You Be There : « A mon heure noire du désespoir le plus profond vous soucierez-vous toujours de moi serez-vous là dans ma violence et dans mes turbulences dans mes promesses dans mes tribulations ? »

David Léon fera une lecture de Neverland au Théâtre Artéphile à 18h le 19 juillet dans le cadre de l’événement les Officieuses (du 12 au 19 juillet).
Un jour, nous serons humains fera également l’objet d’une lecture à l’Artéphile par Frédérique Dufour de la compagnie Les Grisettes les jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 juillet 2017, à 20h00.

L’auteur est par ailleurs invité par la radio l’écho des planches basée à la Maison Jean Vilar pour une émission en direct “On commence dans un quart d’heure”, vendredi 7 juillet de 13h30 à 14h30, sur 100.1 FM/Avignon et en podcast sur lechodesplanches.info