(c) Alexander Dobrovodsky

En quatre ans, le festival Signal, proposant des installations un peu partout dans Prague, s’est imposé comme l’un des événements culturels les plus populaires de République tchèque. Loin d’être un simple agrégat de sons et lumières que l’on aurait pu suspecter d’être un peu kitsch, il bénéficie au contraire d’une programmation pointue autour d’artistes internationaux.

De la place de la Paix au couvent Sainte-Agnès, en passant par le Klementinum ou la Staromestske namesti, Signal exploite l’architecture pragoise avec goût. L’occasion d’une lente déambulation dans la ville, favorisée cette année par un été indien particulièrement velouté, en profitant à fond de ses charmes. Cette année, pas moins de 600 000 spectateurs – pour moitié des locaux – ont circulé pendant trois jours, de 19h à minuit, autour de deux parcours totalisant 20 installations, pour la majorité en plein air. Parmi les artistes présentés, une sélection tchèque et slovaque, mais aussi des Espagnols, Britanniques, Japonais… : Martin Posta, le directeur du festival, est lui-même video mapper, et a su tisser un réseau international de qualité – et trouver des sponsors aptes cofinancer chaque installation.

Difficile de résister aux lumières dansantes des « Caryatides » de Yann Nguema sur la façade de l’église Sainte-Ludmila. Même Orlando Bloom, en tournage à Prague pour la série « Carnival Row » d’Amazon, était semble-t-il dans les parages, si l’on en croit son compte Instagram. Un très beau projet, même si l’on aurait souhaité que le volume sonore y soit plus élevé et donc plus immersif. Le duo Fred Penelle et Yannick Jacquet présente « Mécaniques discursives », qu’on avait déjà pu voir, notamment, au 104 il y a deux ans, saisissante fresque murale animant des objets et des personnages vintage. L’une des œuvres les plus réussies de cette édition 2017. Ludique, l’installation « Octopus Garden » du collectif allemand RaumZeitPiraten invite à interagir sonorement, par des claquements de mains, avec ces étranges sculptures organiques. Impressionnant, même si paradoxalement un peu froid, « Axiom » de l’Australien Kit Webster est à mi-chemin entre art plastique et numérique, constitué par un assemblage monumental de 700 000 LED et des séquences vidéo minimalistes. Plus humble, mais hautement lyrique, l’installation « Heardt » (par quatre jeunes artistes tchèques) propose un piano en libre accès, dont la pression sur les touches active un système lumineux coloré créant une sorte d’effet de résonance synesthésique.

Festif, varié, exigeant, le festival Signal peut séduire aussi bien les techno-fans de mapping que les curieux du dimanche. Et on peut imaginer plus redoutable que de passer un week-end à Prague nimbée par les couleurs de l’automne.

Festival Signal, Prague, du 15 au 17 octobre 2017.
https://www.signalfestival.com

(c) Dusan Vondra