(c) Laurent Philippe

Du hip hop dont elle est issue, Jann Galois a gardé le popping et l’énergie positive avec ce côté bon enfant qu’elle exploite dans Quintette, sa nouvelle pièce présentée dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous à la Maison de la Danse de Lyon.

Depuis 2012, où elle a fait irruption dans le paysage chorégraphique, Jann Galois est tout à son affaire. Ici, elle tient le cap même si, avec quelques pièces maintenant à son actif, elle pourrait aisément se passer des petits clins d’œil potache qui parsèment la pièce et qui retirent un peu de l’envergure de son propos qui est, sinon, bien maîtrisé.

Prenant appui sur le phasing, procédé de composition exploité par Steve Reich et Terry Riley dans les années 1960, elle crée une pièce où les trois danseuses (dont elle-même) déploient, au fur et à mesure, un mouvement basé sur une urgence, où les corps glissent en marquant d’un mouvement d’épaule une gestuelle saccadée, inspirée du popping. Les lumières stroboscopiques accentuent cette impression ; sensation qu’on éprouvera au summum dans Narcose, pièce de Aïcha M’Bareck et Hafiz Dhaou, judicieusement programmée dans la même salle et le même festival le 5 mars.

La danse de Jann Galois, depuis son solo P=mg, est très fluide, ample même. Elle prend l’espace. Quelques images marquent cette danse de groupe qui s’ouvre en corolle, ou ces mouvements au sol qui finiront par des jambes en chandelles, corps tronqués, sans tête, enfoncés dans un sol placé judicieusement dans une pénombre par Cyril Mulon qui signe là une conduite lumière correspondant parfaitement au message de la pièce.

On attend la prochaine création de Jann Galois, qu’il faut suivre, décidément, où elle oserait affirmer son univers sans s’excuser, sans user d’artifices, où elle poserait sur le plateau sa vision d’un monde qui l’inspire mais dont elle n’ose pas trop encore dénoncer les excès qui l’agacent.