De ce spectacle, on retiendra surtout la deuxième moitié du titre, studies, car c’est bien aux « Etudes sur l’hystérie » de Freud et Breuer que nous pensons devant cette performance, plus encore qu’à « Totem et Tabou » auquel le spectacle se réfère explicitement. Dans un décor clinique (carré blanc et lumières saturées), Matthieu Barbin se livre à une transe hypnotique et gonfle un à un des ballons semblables à des membres humains : buste, main, pied, phallus. Un autre corps naît de ces morceaux épars, sorte d’outre monstrueuse et hybride.
C’est après avoir exhalé ce monstre gonflable que commence la talking cure ; un monologue (écrit par Jonathan Drillet) d’où s’échappent par bouffées des discours disparates, composites de souvenirs, de rêves et de références où se croisent Freud, Mishima et Lacan. Les mots boursouflés s’emballent, se dégonflent, deviennent gestes et pulsations, comme surgis par spasmes de ce corps aussi frêle qu’athlétique, aussi familier qu’étranger, aussi pur et enfantin que sexuel et pulsionnel. Explorant tous les stades : oral (en gobant son micro), anal (en faisant un tour de plateau déculotté), et bien sûr phallique, Matthieu Barbin se donne en sacrifice (« Le Totem, c’est moi ») et nous emporte dans son rituel « phallophorique ». Puis la baudruche se dégonfle peu à peu, le monstre de plastique disparaît, plié, rangé.
Se jouant des conventions institutionnelles dans lesquelles l’artiste contemporain peut se complaire, Matthieu Barbin résume son geste dans une formule ironique : « Une idée, un concept, un spectacle ». « Totemic studies » est certainement plus que cela.