D’île et de mémoire 

Merci au poète Claude Louis-Combet de nous prêter son titre et ses mots, car il nous semble, en ce début de festival, être les habitants naufragés d’une île au cœur des remparts, bulle théâtrale sans temps, ni transport fiévreux, ni même quelque douce attache qui nous permettrait à défaut de nous souvenir, de ne pas oublier. Où se terre donc l’intensité des cloîtres ? De quoi cette programmation est-elle le symptôme ? D’une volonté flagrante d’un retour à un classicisme, d’une prise de parole politique sans tentative de penser autrement, d’un évitement poli des tensions et du manque cruel de l’urgence dans les créations? L’absence du parfum de scandale ou du chef-d’œuvre nous laisse dans un état d’abandon, orphelins de cet absolu des artistes qui nous encourage au fil des jours à écrire non pour gagner notre vie mais pour ne pas la perdre.

« Je lis dans l’insula du latin comme dans l’isola de l’italien, la racine de solitude qui a disparu de l’île du français. Et je tiens absolument à lire dans solitude, la conjonction, à l’infini, du soleil et de la terre, selon toute l’ambivalence du radical sol, le soleil, mais aussi le sol sur lequel nous marchons et que nous cultivons – radical qui est le même que solus, le seul, esseulé, solitaire, isolé, sola, au féminin, qui appelle, même s’il n’existe pas, pour dire l’île, le mot in-sola, l’intériorité ou territoire intérieur de celle qui est seule, en sorte que la voie est ouverte pour que l’île devienne, au féminin, la métaphore de la solitude. »