Marion Siéfert : « Quand est-ce qu’on arrive ? »

« MAARION ! MARIIIIIIIIIION ! MARIOOOOON ! MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARION ! MARION ! »
« J’arrive »

Rêve 1 : Je devais prendre un train. Je n’arrivais pas à faire mes valises. J’oubliais toujours quelque chose. Ou bien je n’arrivais pas à fermer ma valise. Ou bien je mettais toujours mon pantalon à l’envers. Et je n’arrivais pas à courir. Et la route était bloquée. Et j’oubliais que je devais me dépêcher. Et je devais faire un immense détour pour éviter un chien. Et je n’arrivais pas à courir. Et je n’arrivais jamais.

Souvenir : De longs voyages en voiture, interminables, et la question, lancinante, « C’est quand qu’on arrive ? ». Et la réponse des parents : « Dans pas longtemps. » Et la question des enfants : « Dans pas longtemps comment ? » « Bientôt » « C’est quand qu’on arrive ? »

Rêve 2 : Le chat m’avait dit qu’il fallait arriver au bon endroit au bon moment. J’étais retournée dans la clairière. Le bruit paisible de la forêt. Le cercle inégal formé par les arbres. Une flaque d’eau. Une grosse souche. Il était 18 h 18 et c’était le printemps. Brusquement la lumière changeait, virait à l’orage. Et l’air se fissurait, révélant un autre espace. Une pièce vide, avec un damier noir et blanc au sol, des colonnes de marbre rose. J’avais rendez-vous avec l’exact portrait de moi-même. Mais comme si mon reflet dans le miroir avait décidé de ne plus me suivre exactement, de ralentir mes gestes, de tordre mon sourire, de révulser mes yeux, de trahir mes paroles. Je m’étais retrouvée, mais c’était une autre. Et l’autre avait pris ma place. Mon portrait me trahissait. J’étais arrivée devant moi-même.

Sensation : J’avais retrouvé les courses de l’enfance. Mes mouvements s’accordaient avec mes intentions. Je tombais avec plaisir. Je courais dans la joie.

Propositions :
On arrive quand on est parti.
On arrive pour repartir.
On n’arrive jamais.
On n’y arrive pas.
On n’arrive à rien.
On arrive pour se dire qu’on y arrive.