Réunir création et transmission

C’est au cœur du XXe arrondissement de Paris, entre le cimetière du Père-Lachaise et le parc de Belleville, qu’est en train de s’inventer un nouveau mode de partage de la vie culturelle. Les Plateaux sauvages ont ouvert leurs portes samedi 28 janvier pour laisser entrevoir aux habitants du quartier des Amandiers les perspectives qu’offre ce nouveau projet tourné à la fois sur la création contemporaine et la pratique artistique amateur.

Ce lieu, pourtant construit comme un seul bâtiment dans les années 1960, était encore divisé en deux structures différentes la saison dernière (le 20e Théâtre et le Centre d’animation des Amandiers). Et sa refondation actuelle est aussi formidable qu’elle est évidente : abattre les cloisons (réelles et symboliques) entre artistes et habitants et faire du « plateau » le lieu de leur rencontre effective. Un lieu ouvert où chaque compagnie ou association utilisatrice aura à cœur de partager son savoir-faire avec les autres.

Tout au long de cette première journée d’ouverture festive, des ateliers gratuits sont proposés : yoga, massage, smoothies mais aussi danses urbaines et contemporaines (atelier animé par les artistes de Wynkl), tandis que la metteuse en scène et directrice Laëtitia Guédon nous fait visiter avec la malice d’un Willy Wonka dans sa chocolaterie le lieu dans ses moindres recoins, plus surprenants les uns que les autres : ateliers de décors, salle transformable, terrasse qui accueillera des jardins partagés, bar, librairie…

Le soir, c’est la jeune création qui est à l’honneur : Julie Bertin et Jade Herbulot, qui dirigent le Birgit Ensemble, présentent une « maquette » de leur nouveau spectacle, « Memories of Sarajevo ». Car inviter le public à découvrir la fabrique des œuvres, dans la beauté et la fragilité de leur artisanat, c’est aussi cela, le projet des Plateaux sauvages : à l’heure où le marketing de masse dissimule les modes de production souvent néfastes pour les hommes et la planète et ne laisse visible que le « prêt-à-consommer », choisir de donner à voir ce qui fonde un objet en train de s’inventer et impliquer son destinataire dans sa réalisation, c’est un bel acte politique de réconciliation.

Rendez-vous en mars prochain pour une nouvelle journée d’ouverture consacrée aux Jeunes textes en liberté, à la découverte des jeunes auteurs dramatiques.