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C’est en toute discrétion, ce matin du 18 septembre 2017, que les portes de la SAT (Société des Arts Technologiques) se sont ouvertes à un petit comité de journalistes et de professionnels du spectacle dans le centre-ville de Montréal.

Cet organisme à but non lucratif fondé en 1996 est rapidement devenu une référence de la recherche numérique et contribue aujourd’hui à la renommée internationale de la métropole québécoise dans le domaine des nouvelles technologies, entourée de géants du secteur comme Ubisoft, Electronic Arts ou encore Technicolor. Et c’est emplie de fierté et d’émotion que Monique Savoie, fondatrice et directrice de la SAT, nous a annoncé le lancement du réseau Scènes Ouvertes reliant dix-neuf salles de spectacle dans le Québec. A l’époque de tous les réseaux (sociaux, mobiles et même solidaires), l’ouverture d’un petit dernier nous en toucherait presqu’une sans faire bouger l’autre. Mais ce projet qui mûrit depuis plus de quinze ans dans les entrailles secrètes du Métalab de la SAT pourrait bien bouleverser le futur du spectacle vivant.

Connectées entre elles par un même réseau haut-débit, les dix-neuf scènes québécoises sont chacune équipée de la station Scénic, matériel informatique fonctionnant sous logiciel open source spécialement élaboré par les chercheurs du Métalab. Ainsi, les vastes distance séparant l’Abitibi-Témiscamingue de la Gaspésie ou Le Lac-Saint-Jean des Cantons de l’Est disparaissent en un coup de baguette magique et la diffusion culturelle devient un jeu d’enfant. La rapidité et la qualité de l’opération sont absolument bluffantes. La salle de 800 places du Monument National à Montréal peut ainsi communiquer avec Le P’tit Bonheur de Saint-Camille, village de 530 habitants. De quoi faire renaître un intérêt certain pour les sorties culturelles dans les régions les plus reculées et toucher du doigt l’utopie d’une décentralisation tant attendue.

Mais plus qu’un simple système de streaming ou de retransmission, comme en usent depuis quelques années les opéras de Paris ou de New-York en partenariat avec certaines salles de cinéma, les créateurs du projet parlent de « téléprésence ». Et le terme n’est pas choisi par pure velléité de francisation mais parce qu’il s’agit bien ici de provoquer une rencontre des professionnels et des publics. Le réseau Scènes Ouvertes devient une opportunité de partage et d’échange entre les artistes amenés à expérimenter ce nouvel outil et marque ni plus ni moins l’entrée du spectacle vivant dans l’ère du numérique. L’ambition de la SAT est clairement annoncée : développer ce système humblement révolutionnaire à échelle internationale dans l’idée d’atteindre un décloisonnement culturel jusqu’ici inimaginable et pourtant si nécessaire. Rien que ça.