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On peut ne retenir de Mykonos que ses fêtes débridées sur des plages plus sonorisées que paradisiaques et pour cause ; l’île est assez caricaturale, balayée par les vents et les hordes de touristes. Mais, au détour de notre quête d’un endroit calme et préservé, un havre de paix, de goût et de beauté s’est soudain révélé. Farma est bien plus qu’un restaurant, c’est un concept. Sauf que, au-delà de l’aspect marketing très réussi et très rassurant pour les bobos que nous sommes, c’est à une expérience culinaire à ciel ouvert que nous sommes conviés. Tout l’endroit est pensé pour le bien être de ses convives ; plusieurs espaces répartis harmonieusement dans un jardin donnant sur la mer, jouxtant le potager bio où sont cultivés amoureusement les légumes et les fruits de nos assiettes. Plus loin, des hectares de terre sont aussi consacrés à l’élevage pour la viande et les laitages. Sous le soleil et auto-suffisant donc, tout ce que l’on mange est de l’ultra local, ce qui explique certainement que tous les goûts semblent si puissants, si proches de ce que devrait être une tomate idéale ou une courgette parfaite. Des goûts oubliés pour nos palais urbains. Les recettes sont simples pourtant mais l’exécution toujours précise et juste, de la cuisson à l’assaisonnement. L’émotion provoquée alors par une salade grecque ou des aubergines au four, perlée de quelques grains de grenades, accompagnés par le pain maison et sa tapenade est réelle. S’en suit un poisson grillé découpé à la table et ses feuilles d’épinards, délice de fraîcheur et de légèreté. Le charme se cache dans les détails, dans la sensibilité qui s’évapore de tous les plats ; une herbe, un dressage, un accord audacieux mais jamais prétentieux. L’olivier vieux de mille ans qui trône entre les tables en bois noueux ouvre le regard vers la cerise de la soirée : savourer le coucher de soleil somptueux qui tombe dans l’anse de Ftelia, verre de vin grec à la main, sereins et repus, heureux d’être là et de partager ce moment avec les hôtes de ce lieu qui savent accueillir avec gentillesse le touriste en mal d’authenticité.

 

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