Le succès de « L’Après-midi… » ne se dément pas depuis près de cinq ans.
“En effet ! La comédienne qui a joué la première version du spectacle en est à plus de 1 100 représentations… Mais l’on se rend compte qu’il y a de plus en plus de problèmes de financement, bien qu’il s’agisse d’une forme réduite ; cela en dit long sur l’état du spectacle vivant aujourd’hui.”
Le spectacle exige toujours une minutie technique impressionnante…
“Au-delà des assistants plateau, il n’y a que trois intervenants : la comédienne, le régisseur lumière et le régisseur son. Disons que ce dernier doit être bon en jeux vidéo ! Il contrôle dix-huit ventilateurs (vingt-quatre sur « Vortex »). Mais pour toute l’équipe, le projet inclut la nécessité de se retrouver face à l’imprévu. Un peu comme un dompteur devant une bête sauvage, il ne se passe jamais tout à fait la même chose. Ce sens très libre, très spontané du mouvement des sacs en plastique a fait dire à certains chorégraphes qu’ils n’avaient jamais vu d’aussi beaux pas de deux !”
Quelles sont les réactions des enfants devant le spectacle ?
“Bien sûr, ils se demandent où se trouvent les trucages, s’il y a un type au plafond qui tire des ficelles, ou si les bonshommes sont contrôlés par des aimants. Mais ils s’approprient très vite cette notion de « donner vie » à une créature. Pour eux, c’est tout à fait normal, ils n’ont pas besoin d’une démarche didactique. Alors que nous, adultes, nous essayons de rationaliser, de trouver un sens à ce que nous voyons. Appuyé sur la musique très symboliste de Debussy, « L’Après-midi » est une sorte de ballet allégorique. On peut bien entendu considérer la séquence finale comme une lutte (perdue) contre la pollution…”
Quel sera votre prochain projet ?
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Je suis artiste invité à la prochaine quinquennale de Documenta, sur le thème « Apprendre d’Athènes ». Je vais y présenter ce que j’appelle pour l’instant trois « contes immoraux », autour d’un travail sur le brouillard, l’eau et le vent, qui sera peut-être adapté ultérieurement pour les scènes françaises. Il s’agit pour moi d’explorer l’érosion de l’idée européenne, de réfléchir à la recréation des mythes : si j’étais grecque aujourd’hui, je ferais sauter le Parthénon, symbole de l’enfermement dans le passé !”