"Que demande le peuple ?"

Réponse de Jean Bellorini

Non, il n’y a pas de quatrième mur au théâtre. C’est ce qui fait la force de notre art. C’est précisément la communication entre le plateau et le gradin qui permet de laisser apparaître du théâtre. On se raconte ensemble une histoire qui n’existe pas, qui prend vie dans nos têtes parce que chacun accepte l’autre et accepte de croire. Nos imaginaires intimes sont mis en commun pour quelques instants éphémères. C’est comme une prière.

Ce qui fait sens à mon avis au théâtre, c’est le dialogue silencieux entre l’acteur et le spectateur. Ce dialogue est différent à chaque représentation. C’est ce qui fait du théâtre un art unique, un art du présent, un art de l’instant et de l’instantané. Il y a souvent dans mes spectacles des espaces d’improvisation. Les acteurs doivent se sentir libres d’inventer en écoute sensible avec la salle. Il ne s’agit pas d’imposer au spectateur, il faut qu’il puisse être actif dans la construction de son imaginaire. Le théâtre n’est pas un art mort. Les hommes auront toujours des questions à se poser. Ensemble.

Il y a dans notre vie trop de murs, trop d’iPhone, trop de communication dématérialisée pour qu’un quatrième mur nous encombre au théâtre. On y vient pour entendre respirer les hommes. J’aime quand les acteurs et les spectateurs sont face à face. Ils laissent apparaître le dialogue plus direct, plus clair, plus honnête. La seule réalité d’un quatrième mur existe en amont pendant les répétitions. L’alchimie et la symbiose entre les acteurs se construisent dans l’attente d’une rencontre avec le public. Art et artifice se rejoignent alors.