Io sono Rocco

Io sono Rocco

(c) Els De Nil

Debout en cercle sur le plateau, les spectateurs assistent à une corrida culinaire. Une comédienne et un danseur font tourner une table en inox sur son axe comme l’aiguille folle d’une horloge. Les couteaux de cuisine sifflent, les tomates et les asperges volent. Femme fatale, la mort court après le mourant qui virevolte et esquive, tandis que la musique d’Ennio Morricone va crescendo vers l’inéluctable résolution. La lumière, délicate ou éblouissante, traduit avec justesse la fièvre qui monte dans cette danse macabre. Le jeune metteur en scène belge réussit ce tour de force : partir de la mort de son propre père et représenter la course du temps comme un éternel jeu de chat et de souris en faisant de ce rituel expiatoire un chant d’amour universel dans lequel victime et bourreau s’aiment et se désirent.