© Eden Levi Am

En guise du rocher où se réveille le faune incarné par Nijinski, une pile de cubes au-dessus de laquelle se balance, suspendue, Catol Teixeira, évoquant dès le début du spectacle sa formation circassienne. Si « L’Après-midi d’un faune » est le point de départ de « Clashes Licking », ce n’est pas à une simple opération revival que nous convie la danseuse carioca, mais un prétexte à l’exploration de son propre univers chorégraphique, à la limite du showcase. Biberonnée au ballet classique et aux théories du genre, iel déploie un univers queer aux antithèses du spectaculaire. Iel alterne entre une esthétique de night club un peu kitsch et un sobre clair-obscur silencieux, vêtue d’un simple costume de latex et d’un binder transparents, et déploie un étrange et intense rituel charnel et sexuel : décousue et anti-narrative, la pièce est d’une intensité renversante et d’une prodigieuse physicalité (que l’on aimerait revoir exploitée dans de plus grandes chorégraphies chorales), à commencer par la séquence des tremblements orgasmiques, hommage aux gestes érotisés de Nijinski qui avaient fait tant scandale en 1912.

Un spectacle présenté dans le cadre de la Sélection suisse en Avignon