Après un premier concert dansé en 2013, passé par la Philharmonie de Paris et la pièce chorégraphique « Waves », créée en 2014, le duo inséparable formé par Héla Fattoumi et Éric Lamoureux présente sa troisième collaboration avec le musicien suédois Peter von Poehl. Si la partition musicale de « Waves », actuellement en tournée, a été commandée pour accompagner les danseurs, « Sympathetic Magic » propose le challenge inverse. Les nouveaux directeurs du Centre chorégraphique national de Belfort, baptisé « ViaDanse » depuis leur arrivée, relèvent le défi d’escorter les morceaux de « Sympathetic Magic », dernier album de von Poehl. Le chanteur-compositeur, Parisien d’adoption, quitte la pop folk héritée de Nick Drake pour un glam rock progressif aux sonorités planantes rappelant les jeunes années de Bowie. Rien d’étonnant donc à ce que Lamoureux ouvre la danse avec un jeu de jambes digne de Mick Jagger. Les deux comparses évoluent à pas de velours autour des musiciens, balisant la scène de petites veilleuses pour mieux se rejoindre et tourbillonner dans l’obscurité. Chaque chanson appelle une nouvelle proposition dansée. Le public est d’abord désarçonné par cette forme hybride, n’ose pas applaudir, se penche en avant comme pour mieux comprendre. Mais c’est qu’il n’y a peut-être rien à tirer de lisible, rien à intellectualiser dans ce que proposent Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. Ils cherchent à illustrer les notes et les ondes, multiplient les tentatives plastiques à l’aide de jeux de lumière et de vidéoprojecteurs mobiles, dessinent et colorient des débuts d’univers comme autant de clips éphémères. Le dialogue entre l’espace des danseurs et celui des musiciens est à l’occasion obscur, un peu bancal, parfois périlleux. Mais le charme de « Sympathetic Magic » se trouve là, dans cette naïveté curieuse qui essaie avec humilité, explore les possibles, comme le faisait le rock des années 1970.
La danse en résonance
Sympathetic Magic