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Autant le dire tout de suite, depuis Jamais assez, Fabrice Lambert, chorégraphe d’origine grenobloise, est tombé directement dans la cour des grands, de ceux dont on attend le spectacle, dont on aime l’univers, les propositions… tout… Lais là, pour cette nouvelle création pour la 18e biennale de Danse de Lyon, nous avons été un peu refroidis par une proposition qui pèche par trop de complaisance et surtout qui n’est pas à la hauteur des intentions du chorégraphe ; il n’y a qu’à lire le programme de salle pour voir que s’il y a quelque chose de Levy-Strauss dans cette œuvre, on est un peu passé à côté et on le regrette…

Dans un dispositif scénographique tout à fait impressionnant, fait de tulles posés sur des cylindres de fer, manipulés par des filins rouges sang  – on le verra que trop à la fin du spectacle – et imaginé par Sallahdyn Khatir qui avait signé, entre autres, de magnifiques espaces pour Thomas Ferrand ou le maître Claude Régy, sept danseurs tentent une marche circulaire tout autour de cet objet fragile, qui filtre la lumière fort présente, voire insistante de Philippe Gladieux.

Les corps dessinent des traces tout autour de cet objet digne d’une installation pour un musée. Ils sont autant d’individualités qui peinent à se retrouver en dehors des marches collectives que semble imposer cet objet. Il y a comme une attraction, un effet centrifuge qui disparaît à peine lorsque les différentes couches de cet objet léger et fluide est suspendu au-dessus de la scène.

Et puis après… et bien c’est le problème… après rien ! comme si cette marche, toute cette énergie portée par des danseurs sublimes mais perdus dans un espace où ils redisent sans cesse ce qu’ils viennent de faire il ne se passe rien. Du coup c’est très long, laborieux comme si Fabrice Lambert, lui-même hypnotisé par cet ensemble ne savait pas couper, ne décidait pas de donner un sens à cette errance scénique. Le final est dans le même esprit, c’est-à-dire pas à la hauteur de ce que peut inventer cet artiste plein de talent… Vient-on a un spectacle de danse pour voir pendant de très – trop ! – longues minutes monter et descendre un mobile, fût-il de Salladyn Khatir ? Il n’y a pas d’issue à Aujourd’hui, sauvage parce qu’il n’y a pas de chemin. La voie est n’existe pas et c’est dommage… On espère que toute cette équipe talentueuse pourra se ressaisir – c’est encore possible de resserrer et de désigner les grandes directions… ou alors, vivement la prochaine mais on garde un drôle de goût en attendant.