© Fabien Pallueau

Puisque c’est bien de théâtre et de théâtralité dont nous devons parler, posons une question simple : a-t-on intérêt à porter sur le plateau l’œuvre dessinée de Liv Strömquist « L’Origine du monde » qui retrace une histoire de l’organe féminin à travers les siècles ? Si c’est la finalité de ce travail qui importe, la réponse est évidemment oui. Il faut faire connaître par tous les moyens possibles les informations que Liv Strömquist a patiemment rassemblées. Mais à trop vouloir suivre le chemin tracé par la bande dessinée, jusque dans le choix des nuances et des couleurs présentes sur le plateau (noir et blanc agrémentés de quelques touches de couleur), on court aussi le risque de rencontrer les mêmes écueils que ceux de l’œuvre dessinée. Traverser des millénaires d’histoire en une heure est un véritable défi et toute l’admirable énergie de cette jeune troupe, en même temps qu’elle entraîne le spectateur, le noie aussi petit à petit sous une masse d’informations parfois lacunaires ou caricaturales, à l’instar d’un Jean-Paul Sartre, dont le physique, inlassablement moqué par ses contemporains, est ici une fois de plus singé et dont la pensée est réduite à quelques propos, qui, s’ils peuvent paraître choquants et datés, voire complètement absurdes, ne résument pas à eux seuls la pensée du philosophe. En un mot, nous aurions aimé que la troupe s’empare véritablement de l’œuvre dessinée en en faisant une œuvre proprement théâtrale, quitte à lui être parfois infidèle. Il nous paraît cependant important que cette petite forme puisse être vue par une jeune génération qui y trouvera une source d’informations riche et importante.