Féerique

Le Petit Monde

Le petit monde

D.R.

Des chaussettes multicolores qui tentent d’échapper à un pêcheur obstiné, des pantoufles bigarrées qui dansent allègrement, un Phoenix agile aux allures de sac plastique rose fluo, des horloges qui entament quelques pas de tango, etc. Ils sont cinq clowns à animer brillamment ces objets du quotidien pour nous raconter le « Zhuāngzǐ ». Kesako ? Bonne question ! C’est l’occasion de découvrir ce livre, fondateur du taoïsme, de Tchouang-tseu, qui contient des paraboles à l’origine de proverbes, utilisés quotidiennement en Chine. Jacques Pimpaneau, orientaliste – découvert à la suite de quelques recherches –, nous dit qu’« il devrait être interdit de lire Tchouang-tseu avant trente ans, car dans la vie il faut avoir lu certains livres, et Tchouang-tseu est un ouvrage si merveilleux que tous les autres ensuite paraissent bien décevants ». « Le Petit Monde » le retranscrit pour nous sans illustration ni explication didactique. Un enchaînement de petites saynètes fantaisistes et burlesques, frisant parfois l’absurde, un théâtre sensoriel où nous pouvons prendre le temps d’écouter le bruissement des papiers journaux qui prennent la forme de piafs. Il n’est pas nécessaire de connaître les proverbes à l’origine de cette création pour en saisir la portée philosophique. Les enfants seront ravis par le déploiement d’un univers féerique et il ne faudra pas vous étonner qu’ils s’emparent d’une chaussette pour donner vie à un poisson-clown ! La compagnie San Tuo Qi maîtrise le registre aussi bien tragi-comique que fantastique, passant habilement du clown aux marionnettes ou aux masques. Leur théâtre, composé d’une variété de langues corporelles inspirées de la culture asiatique, est au service d’une quête de sagesse et de poésie. À découvrir également dans « Hymne à la disparition » au théâtre de l’Étincelle !