Mortel combat !

Amédée

Amédée

D.R.

Amédée est un adolescent rivé sur sa console, au grand désespoir de sa mère (magnifique Chantal Trichet) ; il en oublie les formes de son dépucelage avec Julie (Éléonore Joncquez), qu’il croit réglé d’avance, comme les copains, sur les tatamis du gymnase. Et, intelligence de la dramaturgie : l’accident de voiture du jeu vidéo devient réalité et Amédée n’est plus au monde – le coma…

Question cyclique s’il en est, dans notre société qui semble régresser comme peau de chagrin : faut-il abréger la vie quand tout paraît perdu ? Côme de Bellescize se positionne et dit « oui » ; il le fait avec pertinence et rythme très habilement son propos sur la scène. La scénographie de Sigolène de Chassy est ingénieuse, et les comédiens y circulent dans une fluidité parfaite.

La cage mentale d’Amédée, matérialisée par un cube, est formidable parce que, justement, elle reste une cage ; Benjamin Wangermée s’y déploie avec talent, accompagné de Clov (Teddy Melis, un Puck tout droit sorti du « Songe »… Formidable), qui, agissant comme ces petites consciences posées sur nos épaules, pointe du doigt les effets de cet état végétatif, sur le monde extérieur, hors de la cage, sur ceux qui restent, les encore-vivants.

Saluons enfin les deux autres interprètes de ce spectacle, Éric Challier et Vincent Joncquez (entre autres, cynique administrateur de l’hôpital, rattrapé par des obligations de résultat), qui jouent à eux seuls, et très justement, quatre rôles et font avancer l’histoire.

Dans ce spectacle où l’écriture oscille entre Lagarce et Mouawad, tout est d’une justesse déjà très saluée par le public et la critique depuis la création, en 2012, à La Tempête à Paris.

Marchons quelques minutes en dehors des remparts pour applaudir ce spectacle très réussi.