Mourir, c’est dégueulasse. Attendre indéfiniment dans le terminal d’un aéroport en chemise hawaïenne sans savoir quand l’avion va partir aussi. Alors on s’occupe, on invente des jeux pour passer le temps. Quatre grands gaillards se lancent dans un concours de phobies, pour trouver la plus originale, la plus angoissante, la plus drôle peut-être.
À l’heure où tout le monde est contre tout, où il est de bon ton de brandir ses opinions, si peu intéressantes soient-elles et, surtout quand tout le monde s’en fout, la compagnie le Théâtre du menteur ose l’affirmer tout haut : elle est contre la mort. La peur de mourir et la peur de vivre, au fond, c’est pareil, semblent nous dire les quatre comédiens. C’est qu’on n’en a qu’une, de vie, alors il ne faut pas la rater. Vertige existentiel, angoisse de vivre, le collectif tient de bout en bout un humour pince-sans-rire plein de classe qu’on a cru belge jusqu’à découvrir que le Théâtre du menteur est basé en Essonne.
Car de la classe, il en faut pour faire passer une blague sur Serge Lama et le dalaï du même nom sans être ridicule. Pari relevé par ce comédien barbu et tatoué aux cheveux longs qui promène sa dégaine de clown triste et son regard doux sur la scène des Hauts Plateaux. La révélation de la pièce, c’est lui. Dépressif chic, ange de la désolation, funambule en costume bas de gamme, on ne voit que lui. Ce comédien s’appelle Julien Defaye, il faut retenir son nom.