Le houmous révélateur d’identité !

We Love Arabs

(c) Gadi Dagon

L’un des sujets les plus périlleux à évoquer est sans doute les relations entre Israéliens et Palestiniens. Ce conflit qui dure depuis la création de l’État d’Israël, en 1948, est porteur de nombreux risques de réactions, à commencer par celles des communautés religieuses qui revendiquent tout ou partie de ce centre névralgique des religions monothéistes.

Aborder cette question, et intituler son spectacle « We Love Arabs », place le curseur extrêmement haut, et le fait est qu’à la vision du titre sur les affiches l’été dernier pendant le OFF d’Avignon tout le monde attendait Hillel Kogan, son auteur, au tournant. Il n’a pas déçu et a su, avec un dispositif mêlant parole, musique et danse, aborder en douceur mais avec vérité le sujet.

La force de Hillel Kogan est d’utiliser tous les clichés sur les deux communautés musulmane et juive, en associant souvent musulmans et Arabes, ce qui ne manque pas de sel lorsqu’au détour d’une conversation entre Hillel Kogan, danseur et chorégraphe, avec Mourad Bouayad, sur scène avec lui, ce dernier révèle qu’il est chrétien…

Tout y passe, et le léger accent israélien de Hillel Kogan comme les silences expressifs de Mourad Bouayad finissent par emporter le morceau à travers un humour grinçant qui prend comme base les névroses parfaitement analysées des uns et des autres. Le sujet est sans cesse réactivé par une dramaturgie serrée, intelligente qui sait, comme le recommande le poète, jusqu’où ne pas aller trop loin

Grand spectacle géopolitiquement incorrect et particulièrement bien vu de Hillel Kogan, qui entre ainsi de plain-pied dans le paysage artistique français avec une image d’artiste lucide et engagé qui restera longtemps dans nos esprits.