© Pablo Nunez-Soler

Au Théâtre Douze, la Compagnie Les Ailes de Val présente une adaptation tout à fait réussie du roman d’Alexandre Dumas. La metteur en scène Mélodie Benel privilégie une approche historique, en mettant l’accent sur l’intrigue politique et en restant toujours sur le mode dramatique de telle sorte que la pièce se ressent comme un feuilleton haletant dont le point culminant est la Saint-Barthélemy. Dès les premières scènes, on devine l’issue fatale. La machinerie implacable de la violence s’écrit sous nos yeux comme un train lancé à grande vitesse que même l’amour d’une reine ne peut faire dérayer. La Reine Margot trouve sa force dans ses interprètes qui, loin de tomber dans le piège du classicisme, semblent justement eux aussi pris au piège de ce jeu de pouvoir. Ces corps dessinés par leurs robes ou leurs manteaux d’apparat sont les pantins d’une comédie trop dangereuse pour eux et qui les dépasse : l’Histoire. Mais si les costumes impressionnants nous permettent d’appréhender les enjeux de cette société dominante du 16e siècle, l’espace, lui, gagnerait à se simplifier. Trop de contraintes de vraisemblance égratignent le rythme et brident les acteurs alors que le théâtre a ceci de magique qu’il ne nous faut qu’une arène où s’affrontent ces passions et ces ambitions pour plonger dans le passé avec plaisir.