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D’abord créé en duo avec la complicité du danseur Miguel Garcia Llorens, « Nos Amours » est désormais donné en solitaire par sa chorégraphe Julie Nioche. Celle-ci apparaît, entre ombre et lumière, sous l’égide d’une large auréole surplombante. D’abord de dos puis poitrine offerte. On la découvre entièrement tatouée, délicatement peinte d’épais traits noirs dont les contours et les reliefs se brouillent et s’effacent à mesure que progresse la performance pour devenir une sorte de brouillard charbonneux sur sa peau blanche. L’interprète expose ces empreintes comme les traces indélébiles que ses histoires d’amour ont laissée à même sa peau et qu’elle tend à réactiver dans la danse. Artiste et ostéopathe, Julie Nioche s’est toujours intéressée à faire du mouvement une expérimentation. Le trajet intime et singulièrement sensible qu’elle suit durant la pièce est né de pratiques somatiques auxquelles elle s’est personnellement livrée. Son corps, mobile et contorsionné, s’agite et vacille, désorienté. Il dit peut-être l’errance et l’indétermination sentimentales. Il se cherche et se livre dans un semblant d’aléatoire alors que tout sonne juste et précis. C’est une exploration saisissante, quasi animale, totalement épidermique, de la sensation enfouie qui se donne à voir avec force. La beauté formelle et émotionnelle de “Nos Amours” se trouve juste entachée par le choix dommageable de la bande-son qui l’accompagne : une revisite chorale des « Variations Goldberg » de Bach qui assomme alors que la danse elle emporte et étourdit.