Première création de Cie Chats Par la Fenêtre, « Le Refuge » se veut « une réflexion autour de la question du réel et du virtuel ». Cette question très vaste n’est pourtant pas traitée dans toute son ampleur. L’histoire est simple : Guillaume s’embarque dans la création d’un jeu vidéo avec son ami Jonathan. Lors du processus de travail, nous observons la vie familiale de l’artiste et ses rapports avec sa copine Anne, travailleuse sociale, et sa soeur Vera, thésarde dépressive. Parallèlement, Guillaume crée Liz, sa héroïne, une créature insulaire. Elle réussit à sauver Liam, rescapé d’un pays en guerre. Ensemble, ils doivent détruire un mur qui sépare deux continents, l’un ravagé par la guerre, l’autre prospère et heureux. Et c’est là que la narration se complexifie, et pas de manière positive.
Il paraîtrait que nous réfléchissons sur la dialectique réel/virtuel. Pourtant, l’avancement de l’action nous mène ailleurs. D’abord dans le drame des rapports familiaux, puis, métaphoriquement, dans la crise des réfugiés. Ces trois axes s’entrecroisent maladroitement et se développent superficiellement. Les relations entre les personnages sont parfois exagérées, forçant le jeu dans un registre mélodramatique faux. Ceci s’explique plutôt par la dramaturgie que par la qualité des comédiens, qui sont en général justes dans leurs prestations (sauf lorsqu’ils proposent des codes gestuels “jeu vidéo” qui ne sont pas interprétés à fond). En plus, le traitement symbolique de la figure du réfugié banalise une situation déjà délicate, présentant des solutions un peu naïves. Malgré ces faiblesses, il s’agit d’une compagnie avec du potentiel. Peut-être faudrait-il, lors d’une prochaine création, mieux définir les idées.