Il est trop tôt pour un titre

IO-39Le 7 juillet dernier, alors qu’on attendait, place des Héros, à 6 heures du matin, la livraison des 2 666 premiers exemplaires de la gazette, s’est dit : « Bon, on est loin d’être OK. » C’est que le temps et l’espace, à Avignon, se rétrécissent au format XS. Tout se distord, le ciel, la nuit et la pierre. Le sommeil n’existe pas.

Et puis, jour après jour, on a pris le pli. Certes, nous avons déambulé dans les ruelles, souvent avec impatience, naufragés de la méduse dans la mer trouble des quelque 150 salles de spectacle… Mais ceux qui errent ne se trompent pas, et dans la ville des Papes, tristesses et idées grises ne sont que passagères. (Damnés critiques de théâtre qui se laisseraient blaser par le soleil avignonnais ! C’est qu’on en croise, dans les rues pavées, des membres fantômes, démons errants, tigresses désolées, âmes mortes…)

Alors qu’avons-nous voulu faire, nous, avec cette épée de papier qu’est I/O ? Pourfendre la tiédeur, le kitsch et le consensuel. I/O a voulu être le kit de survie du festivalier dans ce Babel des scènes. Interviews, sujets (à vif), rumeurs (au petit jour), chroniques (d’assassinat du mauvais goût) : les surfaces de nos pages sont hétéroclites ; elles proposent 99 façons de parler du spectacle vivant. Sans pour autant jouer les prima donna, nous avons essayé de résister à la dictature du cool : ça n’a l’air de rien, mais ça exige de la volonté et de l’imagination. Douce virtuosité !

L’ultime étape maintenant : going home. Retrouver le pays de Nod, celui d’avant la fièvre festivalière. Mais conserver cette envie de rester coûte que coûte au cœur de ce qu’on veut défendre : la création, la poésie, la pensée… Les possibles. Quand l’amour du théâtre va, alors ça va, ça va le monde !