J’aurais besoin d’yeux plus puissants pour pouvoir regarder loin et être capable de répondre à cette question, qui semble simple, mais qui ne l’est pas. « Qu’est-ce qu’on attend ? » est une question piège dans laquelle je ne voudrais pas tomber. C’est facile et prévisible de dire que le maintenant est bloqué, coincé, que rien ne marche comme il le devrait et que la solution est « il faut attendre ». Attendre que tout change, que le passé, l’âge d’or revienne, espérer un nouvel air dans lequel respirer à nouveau… Je n’aime pas attendre, rendre le temps immobile ; je n’aime pas l’espoir, les excuses qu’il permet, et je préfère transformer la question en « qu’est-ce qu’on est en train de faire ? », ou « qu’est-ce qu’on veut faire ? » au moment présent, avec ce qu’on a autour de soi : notre réalité, notre place dans le monde. Comment allons-nous construire notre utopie parfaite ? notre récit pour le futur ? Mon utopie est belle tant que reste jeune, naïve, toujours malléable, presque innommable. Il faut qu’elle soit irréalisable.
J’attends que la pluie passe, pour sortir encore.
J’attends que la nourriture soit cuite, pour pouvoir y goûter.
J’attends le début d’un spectacle, pour rêver, mais je n’attends pas le temps, parce que c’est le seul qui peut m’échapper.