Profitant de la conjonction avec le 50e Bitef (voir notre compte-rendu), I/O Gazette s’est rendu à Belgrade à La Mecque des critiques de théâtre : le 28e Congrès de l’AICT, semaine de colloques et d’échanges dans la capitale serbe.
L’AICT, Association internationale des critiques de théâtre, a été fondée en 1956 en France. Un héritage qui perdure encore aujourd’hui, puisque le français est l’une des trois langues officielles du congrès, avec l’anglais et celle du pays hôte. Cette année, pas moins de 44 nationalités sont représentées, toutes générations confondues, de la Thaïlande au Brésil en passant par la Finlande et Oman… Parmi les quelque 150 participants, des critiques et des journalistes, bien sûr, mais aussi des professionnels du théâtre, professeurs d’université, metteurs en scène, directeurs artistiques… Au travers des discussions avec les uns et les autres, on comprend vite que l’AICT, comme toutes les communautés, est une bulle sécurisante pour ces happy few que nous sommes, nous autres ultrapassionnés de théâtre. Georges Banu cite à ce propos le mot magnifique de Pasolini : « Nous ne sommes pas nombreux mais nous venons d’Athènes. » Et l’on en profite pour se demander si, entre élitisme et théâtre populaire, le point d’équilibre se trouve dans ce théâtre élitaire pour tous dont parlait Vitez…
La réunion permet en tout cas de constater, avec un mélange d’effroi et de soulagement, que les problèmes inhérents à l’exercice de la profession (manque de financement, réduction de l’espace médiatique, risque de relégation à un outil de communication…) sont partagés à travers le monde. Cette année, les conférences creusent le thème « Nouveauté et théâtre mondial : entre marchandisation et nécessité artistique ». Un sujet qui ratisse large pour susciter des débats sur l’interculturalisme dans la création théâtrale, la vraie ou la fausse provocation ou encore la marchandisation des productions. Des débats prolongés par l’une des activités centrales de l’association, les séminaires pour jeunes critiques, animés par notre délégué national, Jean-Pierre Han. À noter que le prochain se tiendra à l’occasion du festival de Cluj, en Roumanie, en novembre. Autre moment clé du congrès de l’AICT, la remise de son prix « Thalia », cette année attribué à l’auteur nigérian Femi Osofisan, l’un des grands décrypteurs de la société africaine contemporaine. Enfin, en attendant la prochaine édition du congrès en 2018 à Calgary, on s’occupera en surfant sur CriticalStages.org, le site éditorial de l’AICT, mine d’or d’articles critiques et de comptes rendus.
Congrès de l’AICT, Belgrade, du 26 septembre au 1er octobre 2016