Parade de Valls à Avignon

D.R.

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Manuel Valls est venu parader à Avignon. Il en a profité pour distribuer des tracts vantant la politique du gouvernement, mais il a refusé le dialogue. Nous en prenons acte. Le Petit Prince du 49-3 a bien compris que le monologue est la meilleure façon de mener sa campagne de communication mensongère. De fait, Manuel Valls nous vend le maintien des budgets de la culture et la « sanctuarisation » des droits sociaux des intermittents : c’est faux !

Rappel des faits : le budget du ministère de la Culture a baissé de 6 % en deux ans – même Sarkozy n’avait pas osé. Valls ose à présent annoncer qu’il sera maintenu. Non seulement cette baisse de 6 % est actée et définitive, mais Valls oublie aussi de rappeler que les baisses drastiques de 3,9 milliards d’euros des dotations aux collectivités locales provoquent l’annulation de 182 festivals. Tout le monde sait qu’une subvention n’est jamais composée exclusivement de l’aide du ministère : les collectivités locales représentent plus de 70 % de la part du budget. Ces coupes budgétaires d’une importance inédite entraînent donc des annulations de projets sur tout le territoire.

De plus, le régime des intermittents du spectacle selon Valls serait « préservé et garanti par la loi ». Cette mauvaise blague digne d’un mauvais one-man-show a pourtant été relayée par la presse. Et tout le monde le croit ! Nous ne le répéterons jamais assez : cette loi est dangereuse. Elle pérennise le titre « annexes 8 et 10 », mais c’est une coquille vide. Ainsi, le Medef ne pourra plus déclarer comme fin 2013 sa volonté de supprimer les annexes 8 et 10, mais il pourra faire pire : les vider de leur contenu sans l’annoncer ! De plus, pour la première fois dans l’histoire de l’Unédic, le Medef et la CFDT fixeront en amont un budget pour une catégorie de chômeurs, celle des intermittents du spectacle. On peut voir là une sortie partielle de la solidarité interprofessionnelle et le début d’une caisse autonome ; les négociations prévues avec les syndicats du secteur seront rendues impossibles avec un budget trop bas. Oui, M. Valls, nous l’affirmons : rien n’est garanti par la loi, si ce n’est un bel enfumage qui vous permet de prétendre que les intermittents sont sauvés. Pour rappel, nos propositions ont été chiffrées, elles sont considérées comme crédibles, nous attendons qu’elles soient enfin mises en place.

Par ailleurs, suite aux déclarations de Rebsamen sur les chômeurs fraudeurs, 200 agents ont été recrutés pour ne s’occuper que des contrôles. Nous savons bien ce que cela signifie, nous le vivons dans nos permanences : des dossiers bloqués, des gens désespérés obligés de quitter leur logement, pris dans un tourbillon infernal. En vérité, tout est fait pour répondre aux exigences du Medef : trouver de la main-d’œuvre pas chère à qui confier des petits boulots à temps partiel. Nous l’avions dit à M. Rebsamen : il est obscène d’essayer de faire des économies sur le dos des chômeurs, de surfer sur les sondages allant dans ce sens, d’alimenter la bonne vieille communication des pauvres contre les pauvres opposant le smicard qui se lève tôt au chômeur parasite. Les allocataires du RSA ou les chômeurs (dont 6 sur 10 ne sont pas indemnisés) ne réclament pas une standing ovation, ils veulent simplement manger à leur faim, payer leur loyer et cesser d’être considérés comme des fraudeurs et des salauds de profiteurs. Ce gouvernement participe à la droitisation de la France dont tout le monde parle, et ce n’est pas une parade de plus qui changera quoi que ce soit.