Thomas Jolly contraint de renoncer à la cérémonie d’ouverture des JO

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« On voulait faire un show à la Jolly, pas un petit spectacle à la Johnny ! » Ces mots ont retenti vendredi soir dans les bureaux du comité d’organisation des Jeux Olympiques, lancés par un collaborateur du metteur en scène ulcéré par les coupes budgétaires, drastiques, qui viennent meurtrir sans préavis leur rêve artistique.

“Quelques flammèches et cinq fusées en forme d’anneaux : voilà à quoi on allait nous cantonner“ précise-t-il à la presse. Les 6 500 projecteurs robotisés, censés fendre le fleuve et narguer le ciel, ne pourront pas être commandés. Les confettis hydrosolubles en forme de médailles, qui devaient être lâchés par des drones disco, resteront dans la caboche du jeune saltimbanque. Les statues d’athlètes façon “Thyeste“, censées jaillir du fond des eaux, subiront le même sort que beaucoup de sculptures antiques : elles vieilliront dans les abysses. La « Jolly Fantasy » remise ses rideaux de pluie, embocale ses paillettes, recycle ses dragons en carton. Quatre mois à peine avant l’événement, Thomas Jolly renonce en effet à mettre en scène la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.

Mais quel.le artiste pouvait bien succéder à l’empereur du spectaculaire ? Les hypothèses se sont bousculées mais un profil s’est vite imposé : celui de Marie-José Malis, ancienne directrice du Théâtre de la Commune. Ayant brillé par ses spectacles radicaux, plus économes, la metteuse en scène a immédiatement accepté, voyant dans cette cérémonie l’occasion de concrétiser son propre rêve de théâtre populaire. « Moi qui suis habituée à des assemblées clairsemées, l’opportunité d’aligner les signes épars et persistants d’un poème minimal devant des milliers de regards, rendus le temps d’un soir à la perception de phénomènes infinitésimaux – ceux que la modernité marchande a évacués – m’est apparue comme un acte situationniste des plus historiques. »

Aucun artifice au programme festif de la “Queen M-J.O.” (c’est comme cela qu’Aya la célèbrera) : les quais seront nus, les bouquinistes au travail (ils sont invités par Malis à clamer Hölderlin depuis leur échoppe), les lampadaires pour toute lumière, la vie invisible du fleuve pour seule rêverie. Tout au plus admirera-t-on la lente déambulation d’une troupe de comédien.e.s – inspirée par les “Géants de la Montagne“ de Pirandello – qui trimbaleront la flamme olympique dans leur charrette de fortune en murmurant des vers d’“Hypérion“. « Je vais aussi m’inspirer d’une courte nouvelle de Villiers de L’Isle-Adam, “L’affichage céleste“, dans laquelle l’auteur symboliste fait la satire d’une certaine société des images. Il y raconte que des projections publicitaires auraient envahi et bouché le ciel, empêchant le regard d’affronter son infini et ses mystères. Voilà pourquoi on ne verra aucun laser dans mon anti-spectacle : les étoiles de l’été seront notre seule distraction.»

Mais que fera donc Thomas Jolly ce soir là ? On sait qu’il va bouder la fête mais qu’il sera trop occupé pour la pleurer. Il vient effectivement d’être associé à un haut lieu de culture française vendéen dont l’identité reste encore secrète. Une image pour indice…