Fela Kuti Utopie

Kalakuta Republik

Un petit groupe se prépare au combat dans une danse précise et obstinée. Quelle insurrection fomente-t-il sur la musique envoûtante et répétitive de Fela Kuti ? La chorégraphie se construit tout en tension : appuis sur les genoux, épaules en avant, mains sur la défensive imitant des karatekas sur le qui-vive. Mais la lassitude guette les danseurs dans cet espace clos et sulfureux où les sens sont troublés par la consommation de marijuana. La chorégraphie illustre bien les élans et les empêchements de l’utopie artistique et démocratique portée par Fela Kuti et les habitants de la Kalakuta. Chaque danseur est marqué sur la peau par une tache de gouache : rouge, bleu, blanc, jaune, autant de couleurs qui rappellent aussi bien les peintures corporelles des sociétés tribales que les couleurs primaires de certaines toiles contemporaines. Serge Aimé Coulibaly est passé maître dans l’art de brouiller les pistes : sa chorégraphie mélange avec subtilité les codes africains traditionnels avec des références occidentales. Mention spéciale à la performance sensuelle et nerveuse de la charismatique Antonia Naouele.