Sylphides

Sylphides

(c) Alain Monot

Si la sylphide est un personnage mythique autant qu’une figure majeure dans l’histoire du ballet classique, l’asphyxie relie nos angoisses les plus brutes aux pratiques performatives. Prisonniers de coussins en latex sombre tantôt gonflés à bloc, tantôt vidés de leur air jusqu’à adhérence du latex à la peau, Cecilia Bengolea, François Chaignaud et Marlene Monteiro Freitas ne sont reliés à la vie que par un simple tuyau, au travers duquel leur respiration se fait risquée. Immobiles, manœuvrés comme des pantins par l’énigmatique Chiara Gallerani, ils évoquent les corps retrouvés à Pompéi ; dans l’empêchement de leurs mouvements virtuoses, ils suscitent une fascination ambiguë. L’exposition de la douleur (réelle ?) des danseurs me gêne souvent, et « Sylphides » n’y fait pas exception, malgré sa force, son humour aussi – et l’échappée belle des dernières minutes, quand le silence lourd crève enfin.