L’adaptation par Christophe Sermet de “Dernier lit” d’Hugo Claus – auteur flamand méconnu des francophones – a la couleur de l’hétérotopie : moquette violette sous carré de tables et amas de chaises (une terrasse ?), télé qui crépite du bruit (une chambre ?) et panneau glauque en néons (une façade ?). Autant de fragments de lieux et de mémoires que le théâtre recompose en hôtel imaginaire à Ostende où Emily griffonne sa décadence. Une tentative de mettre en ordre les souvenirs houleux ? Soliste prodige, elle est devenue rebut social à cause d’un amour interdit. Mais c’est peine perdue : les ombres et les points de fuite se multiplient incoerciblement à mesure que le passé ressurgit… Emily va commettre l’irréparable. Un peu dommage que la fine dramaturgie visuelle du scénographe et éclairagiste Simon Siegmann (qui n’est pas sans rappeler l’esthétique de Warlikowski dont Christophe Sermet a été l’assistant) surplombe finalement la nouvelle de Claus, dont la théâtralité oscille entre adresse frontale et psychologisation délicates.