F(R)ICTION - Le spectacle de fin d'études de la 30e promotion du CNAC - (c) Christophe RAYNAUD DE LAGE

(c) Christophe RAYNAUD DE LAGE

Pour le spectacle de fin d’études de la 30e promotion, intitulé F(R)ICTIONS, le Centre National des Arts du Cirque investit l’espace chapiteaux de La Villette jusqu’au 17 février.

On peut toujours attendre des élèves qu’ils fassent preuve d’une grande maîtrise technique, malgré leur jeune âge. Il n’est donc pas étonnant que bascule coréenne, trapèze ballant et autres mâts chinois ne posent aucune difficulté aux interprètes. Certains numéros impressionnent peut-être davantage, techniquement : chaque élève amenant sa propre proposition, certains cherchent à briller par leur prise de risque. Mais la force de ce spectacle est à d’autres endroits.

D’abord, du point de vue de la mise en scène. Pas d’inutiles fioritures, car il ne s’agit pas ici d’une soirée de gala au casino. Il ne s’agit pas non plus d’un spectacle nord-américain millimétré, où, sous le fard appliqué en couche épaisse, plus rien ne palpite. Au contraire, ce spectacle s’offre comme un exemple d’intelligente sobriété. Là où certains de leurs devanciers s’oublièrent, Antoine Rigot et Alice Ronfard créent un spectacle qui est avant tout au service des élèves. Une utilisation parcimonieuse de la lumière, très surplombante, des costumes transgenre jouant de transparence, une musique qui sait se faire rageuse à bon escient… c’est tout. Rien de plus, sinon la présence brute des multiples agrès, spectaculaires par eux-mêmes.

Ensuite, du point de vue de la maturité des élèves. Pas une fausse note dans le ballet réglé des scènes de groupe. Une belle capacité à jouer, dans tous les sens du terme. Une écoute qui génère une belle cohésion. Des artistes suffisamment forts pour s’exprimer en solo, suffisamment intelligents pour miser sur la force du groupe. En résulte un spectacle esthétiquement fort, traversé de fulgurances adolescentes et d’images sublimes. En phase avec son époque, il se veut pluriel, tapageur, conquérant, charmeur. Et réussit en tous cas très bien dans cette dernière veine : le public en sort conquis.