La violoncelliste brésilienne Dom La Nena et Rosemary Standley, célèbre pour être la voix du groupe Moriarty, reforment leur duo pour un nouveau tour du monde. Ainsi les deux dames « oiselles » piochent des chansons françaises, rock, folk, classiques et traditionnelles, comme on glane les meilleurs fruits dans un verger paradisiaque.

Et avec la même liberté, elles s’approprient ces airs de façon toujours personnelle, ce qui fait qu’on est autant surpris par la découverte d’une trouvaille que réjouit de la réinvention d’un standard. Avec cet artisanat qui fait le charme de leur duo, on assiste à chaque fois à la renaissance d’une chanson. Dom La Nena, à l’aide d’un boucleur, étale les unes après les autres les couches de mélodie au violoncelle jusqu’à ce que la voix puissante et claire de Rosemary Standley fasse éclater les premiers mots. L’ambiance est tout d’abord très solennelle. L’art du chant est sacré, il a des vertus qu’on ne mesure pas. Les deux artistes, un peu sorcières, installées dans leur atelier à musique rempli d’accessoires, de percussions ou de pupitres, semblent invoquer des divinités bienfaisantes pour protéger le rituel musical du concert. Mais plus nous faisons connaissance et plus l’atmosphère devient conviviale. Des récits accompagnent les chansons, des anecdotes de tournées dans les interstices desquelles se glissent des preuves de la belle complicité, voire sororité, de ces deux interprètes singulières. Elles ont, malgré leur écart d’âge et d’expérience, chacune bien à elle leur manière de mener le jeu.

Derrière leur petit salon musical, de grands tissus tombent des cintres, créant des couloirs. Des jeux de déambulation ou l’apparition d’un instrument loufoque viennent alors colorer telle ou telle chanson et rompre le format toujours un peu statique du concert. Ainsi, chanceux sommes-nous donc d’être les heureux cobayes qui découvrent les pépites de leur nouvel album à paraître d’ici la fin de l’année. Un répertoire toujours autant agréablement hétérogène dans ses thématiques que dans les langues qu’il fait entendre. De Gilberto Gil à Cat Stevens, l’italien répond à l’anglais ; le français au portugais ; l’espagnol au créole. J’ose y trouver quand-même une constante, celle d’une influence de l’environnement dans les thèmes des chansons : le temps, la température, l’atmosphère ou l’espace y ont toujours une importance. Comme dans la chanson de Leonard Cohen dont il a choisi de tirer son nom, le duo Birds on a wire nous invite à partir en quête de liberté. Mais les deux muses nous rappelle que cette liberté ne s’acquiert que si l’on tient compte de l’odeur de la pluie, du sens du vent et de la distance qui nous sépare des autres. Ne se poser que sur le fil, en attendant le prochain envol.