C’est une idée généreuse que de proposer dans ce 69e festival, chaque jour à l’heure où le soleil est à son point de culmination, une pensée qui est à son zénith !
Quels plus forts et essentiels propos, en effet, sur la justice et la république que ceux qui sont tenus dans « La République » de Platon ?
Mais, au jardin Ceccano, c’est « La République de Platon », d’Alain Badiou – qui fit grand bruit lors de sa sortie, en 2012 –, qui est lue et jouée par de jeunes élèves acteurs de l’Erac, auxquels se joignent quelques amateurs – au sens le plus noble du terme.
En 50 minutes, dirigés par trois metteurs en scène aux parcours divers et iconoclastes – Valérie Dréville, Didier Galas et Grégoire Ingold –, ils livrent, de jour en jour, les différentes pages de l’ouvrage de Badiou, dans lequel il ne s’est pas contenté d’une nouvelle traduction de Platon.
Le parcours théâtral, politique et philosophique d’Alain Badiou force l’admiration, et cette transmission des idées de Platon à travers des références contemporaines permet à tous les spectateurs d’entrer facilement dans la pensée de Socrate – même s’ils n’ont pas encore lu les ouvrages de Platon (ce que j’encourage toutefois tous les spectateurs à faire avant de se rendre à ces lectures ; leur plaisir n’en sera que décuplé !).
En dehors d’une sonorisation qui ne permet pas une écoute confortable du texte dans un environnement relativement bruyant, et à cause de laquelle on perd souvent des mots importants, problème qui devrait se régler, on participe avec plaisir à ces échanges dans ce jardin avignonnais devenu son agora, là où tous les citoyens peuvent donc entendre parler de politique et y réfléchir, comme en Grèce. En ces temps où la réflexion, la philosophie et les idées n’ont pas bonne presse, c’est une initiative qu’il convient de saluer.