(c) Hugo Glendinning
DV8 (comprendre deviate, à l’anglo-saxonne) se revendique du théâtre physique, c’est-à-dire d’une forme hybride alliant théâtre et danse contemporaine. Pour sa nouvelle création, « John », la compagnie britannique a choisi de rompre avec la fiction pour s’orienter vers la sociologie en dressant le portrait d’un homme tout ce qu’il y a de plus réel, repris de justice et ex-homme à femmes devenu adepte des saunas gays.
L’avertissement qui déconseille la pièce aux moins de seize ans n’est pas à prendre à la légère. Violences conjugales, viols, overdoses, apologie du sexe non protégé, le texte, extraordinairement cru, ne nous épargne rien de la descente aux enfers de John. Malheureusement, l’émotion peine à pointer. Elle est dévorée par le dispositif scénique, certes impressionnant, et la performance physique des danseurs-comédiens. Tout juste affleure-t-elle lorsque la voix de celui qu’on imagine être le vrai John remplace celle du comédien qui l’incarne.
Un regret prédomine, celui que le spectacle s’arrête là où on aurait voulu qu’il commence. Là où John cherche la lumière au bout du tunnel. Car on devine que le vrai thème de la pièce, c’est bien celui-là : comment être aimé quand on a un passé monstrueux ? Est-ce seulement possible ? John, pourtant résilient, n’a pas la réponse à ces questions. Le spectateur non plus. La lumière, ce n’est pas ce qui intéresse la compagnie DV8. L’amour non plus. C’est l’horreur, ce soir, qu’ils sont venus nous montrer. Chez DV8, l’espoir a peu droit de cité.
Cette pièce, pensée pour pousser le spectateur dans ses retranchements, n’est pas à mettre devant tous les yeux. Mieux vaut se renseigner sur le spectacle avant d’y aller. Âmes sensibles s’abstenir.