D.R.

D.R.

Une porte s’ouvre brutalement, un homme tient sur ces épaules une jeune femme inconsciente. Déposée sur le sol, il lui soulève tendrement quelques mèches de cheveux, elle vomit dans une bassine. Il lui murmure quelques mots dans la pénombre. La porte se verrouille. Cette cave sera son tombeau. Frederick Clegg entomologiste et employé de mairie vient tout juste d’enlever Miranda, une jeune et jolie étudiante en beaux-arts, dont il est éperdument amoureux. Ce garçon lisse et poli de prime abord révèle par touches successives, sans rictus diabolique, l’ampleur de sa psychopathie. Isolement, séquestration et affrontements, tous les ingrédients sont réunis pour ce huis-clos angoissant. Cloués à nos fauteuils, nous pressentons le drame inexorable. Jusqu’où ira-t-il ? De quels stratagèmes va-t-elle pouvoir user pour en réchapper ? L’adaptation, traduction et mise en scène, de Thierry Jahn et de Céline Ronté du thriller « The Collector » écrit en 1963 par John Robert Fowles nous tient en haleine du début à la fin. La subtilité des caractères est brillamment interprétée par Thierry Jahn et Elodie Ménant. Point de stéréotype ou d’hystérie chez l’un et l’autre. Lui est insaisissable, elle débordante de vitalité. La relation qui se construit au fil des jours de la détention se base sur un jeu de manipulation, de perversion et de retournements de situation. Au centre d’un décor épuré, quelques accessoires, un jeu de lumière d’une grande simplicité, la mise en scène soutient le rythme propre au thriller. Aucun temps mort. Tout en suggestion, notre imagination se chargeant du reste. En ai-je trop dévoilé ? Non, car la proposition est intelligemment adapté au plateau de théâtre et doit être vue.