Pêche miraculeuse !

Le Poisson combattant

Le Poisson CombattantUne des plus belles affiches d’Avignon, un carré de soie bleue, trop souvent égaré au milieu d’immondices criardes aux titres racoleurs et qui finiront heureusement, après quelques jours de festival et de mistral, là où est leur vraie place : dans le caniveau.

Plaisir de l’œil avant tout, titre énigmatique… On se laisse aller au lieu de la représentation, et arrivé sur place on se dit qu’on a eu peut-être raison, et qu’un poisson, fût-il combattant, a toute sa place dans un théâtre nommé « Girasole »…

Une heure et demie après, on remercie (pour une fois) son intuition, puisque l’on vient d’assister à l’un des plus beaux ovnis d’Avignon.

L’argument pourtant n’a rien d’original : un homme est quitté par sa femme. Il lui laisse la maison, la petite… D’autres avec les mêmes ingrédients auraient fait une bouse garantie, un étron pur jus (j’ai les noms et les adresses, mais je ne vais tout de même pas inaugurer, moins d’une semaine après l’ouverture des festivités, une carrière de délateur !).

Seulement voilà ! L’histoire nous est contée par Fabrice Melquiot !

Et croyez-moi : cet homme-là connaît son affaire ! Ces dames et ces messieurs du Quai Conti ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, puisqu’en 2006 ils lui ont décerné le prix Théâtre de l’Académie française ! Ils ont eu du nez, ce jour-là, les « immortels » !

Faut dire qu’il aurait fallu être un peu bas du bulbe pour passer à côté d’un tel style : c’est vif, enlevé, abrasif, urticant.

L’auteur a compris (c’est même pour cela que c’est un auteur) qu’il ne suffisait pas de se rouler par terre en hurlant « Aïe, aïe, aïe, j’ai mal, bon Dieu, qu’est-ce que j’ai mal ! » pour nous emporter sur sa mer de douleurs !

Le comédien ? Il me faudrait le double de signes pour vous dire tout le bien que j’en pense ! Et tout pareil pour la mise en scène, de l’auteur !

Quant au poisson, me direz-vous ? Croyez-moi, ce n’est pas un poisson d’avril !