Parmi toutes ces affiches plus réussies les unes que les autres (sentez l’ironie), il y en a toutefois qui s’avère surprenante : une sphère lisse et blanche, dans une mise en scène kubrickienne, et un titre à la fois solennel et amusant. C’est pourtant bien là la recette de cette adaptation du roman d’Augustin Billetdoux ; il s’agit du cri désespéré et révolté d’un jeune homme insoumis, Simon, obsédé par sa calvitie précoce qu’il considère comme le début de sa fin, menant une quête existentielle qui ira jusqu’à son propre sacrifice lors d’un sommet des Nations-Unies.
Ce qui semble d’abord l’œuvre d’un insensé sombrant dans la dépression devient finalement un acte politique et moral. Doit-on attendre le sacrifice d’un être pour appeler les milliers d’autres à se lever ? Y a-t-il une part de folie chez celui qui entreprend d’aller jusqu’au bout, et quelle est-elle ? Cela résonne particulièrement fort ces derniers temps, et l’auteur nous invite à considérer les choses par le biais de la sensibilité et de l’humour. Pari réussi pour la jeune compagnie qui attaque sa deuxième adaptation du jeune écrivain. La scénographie, simple et très ingénieuse, est là pour solliciter notre imaginaire, délicieusement enfantine dans la manière de jouer avec le décor et l’espace, du cimetière à la toile des réseaux, et ce grâce à des acteurs virtuoses et généreux. Le seul regret ici est que la pièce, très fragmentaire dans l’écriture, nous empêche d’entrer véritablement dans l’univers porté par les acteurs, comme si nous devions courir derrière eux pour ne pas perdre le sens du propos. Néanmoins, la force du final ne vous fera en rien regretter d’être venu.