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Les dieux du théâtre ont à nouveau frappé aux grandes portes du Soleil, et posent leurs valises remplies d’Inde sur les sols, les murs et dans l’air du théâtre. Cette Chambre en Inde, bien qu’elle soit d’abord le simple réceptacle de tous les sens, est aussi et surtout un train qui nous emmène voyager au cœur des rêves et des cauchemars, des doutes et des peurs, des joies et des illuminations. C’est l’histoire d’une troupe de théâtre qui, en fuyant notre actualité dévastatrice – car il s’agit de nos guerres, de notre réchauffement climatique, de nos attentats – cherche à trouver la source pure d’un prochain spectacle par les biais du Theru koothu et du Mahabharata. Pas une simple troupe donc : c’est une véritable épopée à la fois rétrospective et neuve que nous offre Ariane Mnouchkine, qui pose sur la table d’une main ferme le grand lexique amoureux de la troupe du Théâtre du Soleil. Une œuvre désordonnée qui, en essayant de nous planter chaque échec, chaque désastre humain dans le cœur, s’épuise et nous frôle seulement parfois. Un chaos maladroit, lié par le fil conducteur d’un personnage aux charmes clownesques dont le sommeil, sans cesse interrompu, font surgir petites et grandes visions. Des éléments et des passages qu’on pourrait penser presque trop faciles. Mais de cet épuisement des thèmes, de ce chaos lumineux, de ces chants profonds et de ces danses merveilleuses, ces petites histoires qui font la Grande, cette dérision mordante qui nous font aimer ceux qu’on traiterait avec haine de barbares, naît l’enchantement, la naïveté, le rire. Et que ces sentiments-là sont doux quand ils sont exprimés avec tant d’amour.