Dance to the music

CLAN

« C’est l’histoire d’un groupe qui s’acharne à exister », explique Herman Diephuis. Le chorégraphe néerlandais met en scène un clan formé de six jeunes gens dans une proposition à la fois minimale et hyper festive dont le but est de conjurer l’absence de sens et la finitude des choses en dansant irréductiblement.

Sur le plateau nu devenu vaste dance floor plongé entre lumière et pénombre, une bande de potes en tenue de gala et baskets colorées revendique le droit et le désir de s’amuser, de se défouler, de se dépenser sans compter, alternant séduction sexy, solitude existentielle, langoureuse nonchalance et fougueuse énergie dans un mouvement continu mené jusqu’au bord de l’écroulement.

« CLAN » donne l’impression d’assister à ce moment tardif ou bien matinal où la fête est finie et où les corps flottent dans une énergie comateuse, encore empreints de vitalité grisée. À moitié défaits et dénudés, les danseurs s’extraient de la pénombre du fond de scène et regagnent la lumière pour un dernier tour de piste, affichant leur juvénilité toujours radieuse et leur insouciance volontaire. Ils s’adonnent au plaisir et à la jouissance, faisant fi de la morosité avec beaucoup de dynamisme mais étonnamment un peu trop de sagesse.

En suivant le mouvement fluide de lignes et de rondes diverses, sur des airs de funk aux rythmes lascifs ou plus remuants, les personnalités de chacun se libèrent, les couples se font et se défont, les êtres se rencontrent et s’étreignent, sans distinction de sexe, et finissent par se confondre dans l’entre-soi d’un groupe hétéroclite et soudé.

Une décontraction sympathique s’impose plus qu’une nécessaire urgence dans cette proposition mineure mais tout à fait plaisante.