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Dans cette dystopie orwellienne, Alan Ayckbourn a imaginé un monde post-apocalyptique dans lequel un fossé culturel et géographique sépare désormais les hommes et les femmes : un virus a dévasté la population mâle, obligeant à minimiser leurs interactions avec l’autre sexe, normalisant l’homosexualité et l’insémination artificielle. Le dramaturge britannique a délaissé ici son écriture habituelle, davantage portée sur la comédie sociale telle qu’on l’avait notamment vue mise à l’écran par Alain Resnais. Ici, on est en plein dans une fiction d’anticipation à l’ancienne, façon Margaret Atwood. De ce projet ambitieux, d’une durée de six heures, dont la première mondiale a lieu au festival d’Edimbourg, on ne retiendra malheureusement pas grand-chose : ni la mise en scène d’Anabel Bolton, du Old Vic, efficace mais très conventionnelle ; ni le texte, trop démonstratif (on sent qu’Ayckbourn a tenté une expérimentation sur laquelle il a peu de recul littéraire) ; et surtout le fond, finalement assez creux, qui ne fait qu’effleurer son sujet dans une démonstration par l’absurde loin d’être convaincante. A plus de 80 ans et autant de pièces, Ayckbourn aurait dû laisser la science-fiction à ceux qui savent l’écrire.