Chant pour l’enfant disparu

May he rise and smell the fragrance

© Christophe Raynaud de Lage

Après les éblouissants « Fatmeh » et « Leila se meurt », présentés il y a deux ans au cloître des Carmes, Ali Chahrour proposait cette année la dernière partie de sa trilogie autour du deuil. Disons-le tout de go : celle-ci est sans doute la moins construite des trois spectacles du jeune Libanais, qui semble cette fois privilégier un enchaînement de tableaux à une dramaturgie globale plus propice à emporter le spectateur. On pourrait le déplorer si cela empiétait ne serait-ce qu’un tout petit peu sur son incroyable pouvoir suggestif, mais celui-ci, malgré tout, reste parfaitement intact. Construit comme un long oratorio tenu de bout en bout par la musique d’Ali Hout et Abed Kobeissy, et la voix transcendante de Hala Omran, « May he rise and smell the fragrance » réussit presque instantanément à nous plonger dans cet état de presque transe propre aux rituels de tradition chiite, où le chorégraphe puise son inspiration. Ali Chahrour aime dire que la danse n’est pas forcément un langage international, mais qu’elle est toujours ancrée dans un contexte culturel : celui qu’il nous propose est le sien, et sa présence charismatique (il est le seul danseur sur le plateau), tout en finesse et en simplicité, irradie la scène et nous perce droit au cœur.