© Stanislas Wang-Genh

Parmi ces souvenirs d’adolescence qui semblent devenir en un clin d’œil des fragments oubliés d’histoire, le moment tendre et gênant du « slow » se présente comme un événement quelque peu à part. Empruntant le même mouvement de balancier, « cheek-to-cheek », micro contre micro, Thomas Guillaud-Bataille et Maya Boquet interrogent ce rituel qui semble avoir disparu des pratiques actuelles.

La trame de cette enquête se noue autour de documents d’archives, à la fois audiovisuels ou écrits, qui proposent des fragments d’explications et de témoignages. Elle se confronte notamment aux éléments qui émaillent la culture pop française et sur lesquels on ne se penche jamais qu’avec amour et nostalgie. De « La Boum » à Joe Dassin, c’est tout un univers qui ré-émerge par endroits et résonne différemment en chacun. Le duo Véronique Ruggia Saura et Benoît Randaxhe manie avec beaucoup de délicatesse le va-et-vient entre l’intime et l’universel pour tenter se saisir ce qui fait palpiter les cœurs de plusieurs générations du siècle dernier.

Pas après pas, c’est aussi une histoire de la musique qui se dévoile, depuis les variations du « fox-trot » jusqu’aux compétitions de danse télévisées lors desquelles le « slow » se présente d’abord comme une danse faite pour reposer les corps fatigués. Quand celle-ci se met à faire frémir les cœurs, l’expérience sensorielle devient tout autre. Tantôt face au micro, à la guitare ou interpellant avec bienveillance le public, les deux « performers » alternent les rythmes et les sensations pour créer un spectacle à plusieurs vitesses, généreux et irrésistiblement drôle.