(c) André Le Corre

Parcours pour le moins efficace. La chorégraphe Sharon Eyal, née à Jérusalem en 1971, a dansé pour la Batsheva Dance Company pour en devenir ensuite une chorégraphe associée. Dans cette lancée, elle s’est acoquinée avec Gai Behar, figure de la nuit de Tel Aviv, en 2013 pour créer la compagnie L-E-V.

Sept créations plus tard, elle est partout. Symbole d’une véritable fame, elle se voit offrir un partenariat avec la directrice artistique de Dior, Maria Grazia Chiuri, pour des défilés et autres films commerciaux de la maison de couture. On n’était donc presque pas surpris d’apprendre la programmation d’une rétrospective de son travail dans les sous-sols de la chaîne de grands magasins de luxe britannique Selfridges, à Londres.

Le spectacle “Love Chapter 2” clôt la série. Il s’agit d’une pièce pour six interprètes librement inspirée d’un poème slamé de Neil Hilborn, cousu au fil près à la techno de Gai Behar et Ori Lichtik. Le mouvement est dans un rapport très littéral à la musique et les pas tombent sur le temps quasiment tout le long du spectacle. Il faut bien dire que cette cadence plonge le spectateur dans une hypnose parfois plus proche de l’endormissement que de la transe.

Les danseurs émettent cependant l’aura que ne manque jamais de donner le gaga d’Ohad Naharin, dont la chorégraphe est assurément imprégnée. On retrouve cette exploration individuelle du mouvement au sein d’une formation de groupe, la jouissance, la perméabilité à l’extérieur et à son propre moment. La beauté de ce travail réside dans une synchronicité d’intention et non de mouvement. Elle laisse la place à chaque interprète d’aller là il peut aller, humanisant une chorégraphie assez institutionnelle finalement.

Dommage de s’associer au milieu techno si ce n’est pour prendre sa charge de transgression et sa beauté crasse. Le spectacle gagne dans sa durée quand les interprètes, se fatiguant dans ce mouvement frénétique ininterrompu de 55 minutes, finissent par glisser progressivement de l’interprétation à l’exécution. Seyant à la techno, l’épuisement fait le liant qui manquait.