17e Biennale de la danse

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C’est à Lyon que la danse s’installe en ce début d’automne. La Biennale, pour sa 17e édition, réussit l’équilibre délicat d’une programmation à la fois pointue et accessible. Plus précisément, et c’est ça qui en fait un temps fort, des propositions exigeantes et d’autres tout à fait mainstream. On sent bien que Dominique Hervieu, directrice artistique, mêle avec plaisir la danse « populaire » et celle dite plus « savante », comme pour mieux brouiller les codes et faire transpirer les murs parfois trop opaques des genres et des familles. Et en effet, il est difficile d’imaginer plus éclectique que l’incroyable travail d’Alessandro Sciarroni et le ballet néoclassique de Thierry Malandain. Ce soir-là à l’opéra, la seconde pièce courte pour le ballet de Lyon est un petit miracle ; « Turning Motion Sickness Version » est une plongée merveilleuse – pensée par Sciarroni, que l’on connaît comme metteur en scène – dans l’art des circonvolutions multiples et continues. Les voilà qui tournent sans cesse, mi-derviches mi-étourneaux, ne sachant pas où ils vont ni d’où ils viennent, ils créent sur le plateau un paysage hypnotique, signifiant et paradoxalement très ouvert. C’est simplement et puissamment beau. À l’opposé et au même moment, le chorégraphe Thierry Malandain propose sa version de « La Belle et la Bête » sur la musique de Tchaïkovski (la « 6e Symphonie », dite « pathétique »), fortement influencée par le film de Cocteau, notamment sur les allégories. C’est à un ballet néoclassique que l’on assiste, avec toute la grammaire du genre : arabesques, volutes et enchaînements, des robes de princesse et des masques de bête. Virtuose bien sûr, ce classicisme enchante littéralement les 2 000 personnes présentes. Grand écart donc qui permet à un public divers et nombreux de se presser dans les salles et de risquer parfois un pas de côté vers une esthétique inconnue. Pour accompagner ces parcours, le musée des Confluences invite le public à se plonger dans l’histoire de la danse avec l’exposition « Corps rebelles » et se joint donc pour la première fois aux festivités.