Suite à une projection de « Mammouth ».
Depardieu
le grand frère de jeu
dans « Mammouth » est devant
il envoie baller les mots comme des bulles et nous remet son corps
leçon pour acteurs et ceux qui jamais n’oseront – pas assez libres –
un corps sans peur, brut de vie
Depardieu-Mammouth dit peu
il fait des arabesques avec ses doigts
palpite en batteur de jazz, il bat la mesure de son sang…
Il remet sa tignasse entre les mains du coiffeur
et son œil se noie, il est en lui, profond, il fait le gros dos…
Il y a cette scène encore de branlette
sa main fait la blague hors champ
tout doux comme on tripote la chiffonnade des filles
c’est récurage et purge des tuyaux
il vient à graine, il se déchifflote et trempine le pain de sa soupe
’faut ce qu’il faut !
Sur sa moto de road movie il s’invente en homme prodigieux
en chimère mécanique, arbre à cames en tête
le bitume et les bas-côtés ont intérêt à bien s’ tenir,
parce que dans le blasphème, il est redoutable le Gérard
– pardon de la familiarité –
il est le Géant de nos contes, l’Ogre de nos désirs
sa chemise bat au vent, nous montre
une chair à patouillage et tatouages et prises de catch
faut dire qu’il y est au large
le vêtement, le talent taillent grand.
Il joue, il est
il fait les deux, au jeu il a donné sa vie
en Arbre, pour un peu, en Christ il s’oserait
il est intégral et sans genre : grand frère et mère et globe et dérive de continents
[fait penser au gros Toine, celui à qui Maupassant donne à couver des œufs et sous sa panse éclosent les poussins et le Toine donne naissance et l’on vient voir la merveille]Depardieu est totem
il nous accouche quand il joue.
25 mai 2015