« Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, […] je crois bien qu’elle n’existe pas. » C’est par cette sentence de Virginie Despentes que Lorraine de Sagazan décide d’ouvrir son remake acide et délicieusement bobo d’« Une maison de poupée », d’Ibsen. Nora y est toujours une sémillante mère de famille, mais elle a troqué sa tenue de bonne ménagère contre celle d’une femme active accomplie, qui clame sa fierté de mener de front mariage heureux et carrière flamboyante. C’est alors Torvald, le mari de Nora, loser dégingandé à la casquette vissée sur le crâne et père au foyer malgré lui, qui se trouve au centre d’un original dispositif trifrontal. Torvald qui voit sa femme lui échapper, son chômage lui peser, ses amitiés « de bonhomme » se disloquer. À travers les errances de ce personnage, c’est la question de la virilité et de son difficile héritage qui est abordée avec sagacité par Lorraine de Sagazan. Et c’est là toute la modernité de ce parti pris défendu avec brio par les comédiens : l’incapacité des jeunes générations à vivre ensemble, « en couple », en faisant fi des préjugés.
Une maison de poupée
Une maison de poupée