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Dorothée Munyaneza, artiste d’origine rwandaise, lit le texte-fleuve du comorien Ali Zamir, Anguille sous roche (sorti cette année). Qu’elle lise, chante, ou expulse des sons organiques, sa magnifique présence diffuse le texte comme une onde de chaleur, l’incarnation se passant de mots : la mélodie de l’oeuvre s’est déposée dans sa voix pure, dans les vibrations que l’artiste communique à l’étrange tissu qu’elle manipule sur scène, tantôt voile, tantôt linceul, éclairé par une lumière dorée, d’aube ou de crépuscule, on ne sait pas. Nous sommes quelque part dans la chaleur et la foule, au creux d’une atmosphère moite et de chants,entre l’océan indien et le continent africain. Son voile rappelle celui de Shéhérazade, promesse d’ensevelissement sous le conte.